Le Sénat va examiner un projet de loi « montagne » truffé d’amendements anti-loups. Pour que ce texte soit modifié, écrivez à votre sénateur avant le 12 décembre !
Le projet de loi de « modernisation, développement et protection des territoires de montagne » a été examiné une première fois devant l’Assemblée nationale. Plusieurs amendements anti-loup ont été adoptés (art. 16). En lisant les débats précédant le vote, vous constaterez que selon certains députés, « le loup est une espèce invasive », « le loup massacre le pastoralisme », « les espèces à protéger ce sont les brebis et non plus les loups ». Ces députés voudraient faciliter les tirs de loups en montagne, en dérogeant au cadre juridique national et européen.
Le texte va maintenant être examiné par le Sénat les 12, 13 et 14 décembre, avant de revenir devant l’Assemblée nationale. C’est le moment d’écrire à votre sénateur pour que les amendements anti-loups soient supprimés ! Demandez qu’ils soient remplacés par des amendements en faveur d’une cohabitation durable entre le loup et les usagers de la montagne.
Écrire au sénateur de ma circonscription
Vous pouvez reprendre ou vous inspirer du texte ci-dessous :
Madame la Sénatrice / Monsieur le Sénateur
En tant que citoyen de votre circonscription, je souhaite vous faire part de mon opposition totale aux dispositions anti-loups introduites dans l’article 16 du projet de loi de « modernisation, développement et protection des territoires de montagne ».
Comme 80% des français, y compris les ruraux (sondage ifop), je suis favorable à la présence des loups en France et je suis opposé à une politique de régulation des loups dans certaines zones tel que l’envisage ce projet.
Les amendements adoptés en première lecture du projet de loi et favorables aux tirs de loups sont basés sur un manque de connaissances sur le sujet, comme on a pu le constater lors des débats préalables (« le loup est une espèce invasive », etc). Pour avoir un aperçu plus juste de ce qu’est le loup, je vous invite à consulter le livret édité par le collectif CAP loup, regroupant 38 associations et représentant plus de 120 000 adhérents.
Les loups étaient autrefois présents partout en France. Depuis leur retour naturel à partir de l’Italie il y a 25 ans, leurs effectifs culminent à environ 300 individus sur le territoire national, selon les estimations officielles. Ces effectifs sont en stagnation depuis 3 ans.
La présence des loups est parfois une contrainte réelle pour les éleveurs, mais les loups ne sont pas responsables des difficultés de la filière ovine française : baisse de la consommation, baisse de la production et concurrence internationale sont les raisons du déclin de cette filière. Or celle-ci se porte moins mal qu’ailleurs dans les régions où sont présents les loups.
La cohabitation entre l’élevage ovin et le loup est possible y compris en montagne, puisque nos pays voisins y parviennent sans mettre en œuvre de zonage pour exclure les loups et sans faciliter les tirs. Par exemple en Italie où les loups sont protégés, 5 fois plus nombreux et vivent au voisinage du pastoralisme, le taux de prédation sur le bétail est dix fois plus faible qu’en France.
Certains éleveurs en France refusent encore aujourd’hui de protéger leur troupeau. Beaucoup d’autres se sont vu subventionner des mesures d’aide et ne les mettent pas correctement en œuvre (bétail non rentré dans les parcs, chien de protection absent, non cumul de mesures efficaces). Il est anormal et contre-productif que ces éleveurs soient indemnisés de leurs pertes au même titre que ceux qui font l’effort de mettre en place des moyens de protection.
La politique mise en œuvre depuis de nombreuses années est basée sur des aides financières aux éleveurs et sur des tirs de loups, mais aucune recherche sérieuse n’est menée pour améliorer notablement la protection des troupeaux.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir, lors du prochain examen de ce projet de loi devant votre assemblée :
– déposer et soutenir un amendement supprimant les dispositions relatives aux grands prédateurs introduites au sein de l’article 16 du projet de loi
– déposer et soutenir un amendement prévoyant la révision du système d’indemnisation des éleveurs : jusqu’alors, les éleveurs sont indemnisés systématiquement, même s’ils ne protègent pas leurs animaux ; il faut aller vers un système subordonnant cette indemnisation à la vérification de la mise en oeuvre effective des moyens de protection mis à disposition par l’État.
– déposer et soutenir un amendement prévoyant que les politiques publiques portent sur l’amélioration des mesures de protection des troupeaux, et non sur le tir des loups car les abattages n’empêchent pas la prédation sur le bétail.
Je vous prie d’agréer, Madame la Sénatrice / Monsieur le Sénateur, l’expression de ma considération la plus distinguée.