Communiqué du 30/07/19 de Ferus et ASPAS, membres de CAP Loup
Les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture viennent de publier un arrêté permettant le tir de 100 loups annuellement et facilitant d’autant les tirs, notamment dans des zones dites non protégeables.
À l’heure des grands discours en faveur de la biodiversité, c’est une trahison honteuse et scandaleuse.
À peine un an après la publication du plan loup 2018-2023, déjà rejeté par les scientifiques et les citoyens, les pouvoirs publics empirent les tensions en inventant de nouvelles mesures anti-loup : cercle zéro, Zone Non Protégeable, tirs mixtes et surtout hausse du prélèvement de loups (de 12 à 19 %). Cette hausse conséquente du plafond de tirs cache l’échec cuisant de la politique, non pas de protection des troupeaux, mais de tirs. Mais l’Etat Français persiste dans cette posture.
Ces dispositions sont connues pour être inefficaces, dangereuses pour la survie du loup en France et les scientifiques mettent en (expertise collective 2017 et réponse à la saisine tirs de loups février 2019 du Muséum National d’Histoire Naturelle et de l’ONCFS, avis défavorable du CNPN, avis du Conseil Scientifique, études internationales).
Mais l’État français n’écoute pas ses propres experts, seulement les lobbies.
La consultation publique sur le projet d’arrêté a recueilli près de 10.000 avis, défavorables en grande majorité. Le Ministère n’a même pas publié l’analyse des contributions et l’exposé de ses motivations pour en tenir compte ou non. Mais qu’importe cette consultation n’était une fois de plus qu’un exercice obligé.
D’ailleurs, dès le 28 mai, les deux ministères informaient dans un communiqué de leurs décisions d’augmenter les quotas, avant même la fin de la consultation publique.
Les taux de prédation attribués au loup ne baissent pas malgré des tirs de plus en plus nombreux qui sont 6 à 10 fois plus élevés en France que chez nos voisins de l’UE (Linnell 2018), ces derniers ne pratiquant pas forcément des tirs létaux. Cette situation montre que des pistes de progrès existent. Tous les éléments pointent vers une carence en protection des troupeaux.
L’État français est sous contrôle des lobbys agricoles qui refusent la cohabitation. Il n’arrive même pas à appliquer les 12 mesures de protections pourtant prévues au Plan Loup 2018-2023.
La gestion du dossier du loup en France est victime d’une vision uniquement politique et en aucun cas rationnelle.
Y’a-t-il encore quelqu’un pour piloter l’avion ? Ou ce sont les syndicats agricoles qui ont pris les commandes ? Pourtant de ce côté, les priorités, sérieuses, ne manquent pas.
Nous demandons :
1- De procéder à une évaluation rapide et partagée de l’impact des tirs déjà effectués depuis de nombreuses années sur la prévention des attaques comme annoncé dans le Plan national loup (PNL) et comme demandé par nos associations depuis plusieurs années.
2- De développer une véritable ingénierie de protection s’appuyant non seulement sur le triptyque (berger / chiens de protection / parc de contention) mais aussi sur l’expérimentation de nouveaux moyens d’effarouchement et de protection (Fox light, Fladries, etc.)
3- La mise en place, dès l’été 2019, d’une conditionnalité effective des indemnisations des dommages, comme aussi annoncé dans le PNL, avec contrôle de la mise en œuvre des moyens de protection.
4- l’abandon du concept de non-protégeabilité des troupeaux et de la gestion différenciée des tirs sur les fronts de colonisation.
5- L’Engagement formel de l’État d’un portage politique par le gouvernement du statut de protection du loup en respect de nos engagements internationaux.
6 – D’abandonner complètement cette régulation acharnée et ces tirs de loups inutiles.
Cet arrêté et ses nouvelles mesures sont en contradiction avec le droit communautaire et national. Nous allons immédiatement porter un recours au conseil d’État.