Après 4 mois de relances incessantes de notre part, le Préfet coordinateur du « plan loup » a enfin répondu à notre courrier demandant des éclaircissements sur l’affaire des 3 louveteaux tués par un agent de l’ONCFS* en « tir de défense » d’un troupeau ovin le 9 août 2017 à Cipières (Alpes-Maritimes). Même si nous remercions le Préfet de sa réponse, celle-ci ne parvient pas à justifier l’injustifiable : 3 louveteaux ont été abattus.
– Selon le Préfet, les 3 loups étaient bien âgés de 3 à 4 mois.
Il s’agissait donc bien de 3 louveteaux, comme nous l’affirmions et contrairement à ce que maintenaient les communicants de l’ONCFS* qui parlaient de « jeunes loups » sans vouloir reconnaitre qu’il s’agissait de louveteaux, pas en âge de représenter un danger pour un troupeau de brebis.
– Selon le Préfet, l’agent de l’ONCFS* à tiré sur un groupe de 5 loups qui se trouvaient à 120 mètres de lui et à 400 mètres d’un troupeau « regroupé en parc de nuit », tandis que « le berger et 2 chiens de protection étaient présents en soirée à proximité du troupeau ».
Le berger et les chiens de protection étaient-ils encore présents lorsque les loups sont apparus ? Si oui, le regroupement des brebis en parc de nuit associé aux chiens de protection est une mesure efficace de protection du troupeau, si elle est bien mise en oeuvre, et qui permet d’éviter le recours aux tirs pour empêcher la prédation. Si non, pourquoi les chiens de protection n’étaient-ils plus là ?
– Selon le Préfet, l’agent de l’ONCFS* a ciblé prioritairement les loups de plus petit gabarit, sans que la distance de tir et la nuit ne lui permettent de préciser s’il s’agissait de louveteaux ou de subadultes ; le Préfet approuve l’initiative de l’ONCFS* d’abattre prioritairement les jeunes individus pour réduire le risque de désorganisation sociale de la meute.
L’État favorise donc l’abattage de jeunes loups, même si ceux-ci ne sont pas en âge d’attaquer un troupeau domestique, et même si les conditions de tirs ne permettent pas d’identifier précisément l’animal visé (ce qui est pourtant une règle de base pour tout chasseur d’espèce « gibier » ! Or le Loup est une espèce « protégée »).
– Selon le Préfet, le troupeau avait subi 6 attaques faisant 40 ovins tués depuis janvier 2017, « et non 40 attaques comme indiqué par erreur dans le communiqué de presse du 16 août » (!) et aucun suivi n’a été effectué suite à l’abattage des louveteaux.
L’État tue donc des louveteaux sans chercher à savoir si ces abattages ont un quelconque effet en termes de prédation sur les troupeaux domestiques.
– Le Préfet nous dit vouloir progresser dans la gestion des « foyers d’attaques », et nous dit compter sur notre contribution pour finaliser le prochain plan loup.
Nous continuons à faire nos propositions pour mettre fin à cette politique de tirs, mais il est regrettable que notre demande d’arrêter les abattages n’ait encore jamais été prise en compte, malgré notre participation depuis plusieurs mois aux réunions de concertation pour l’élaboration du « plan loup 2018-2023 ».
Les associations de CAP Loup
* ONCFS : Office national de la chasse et de la faune sauvage
Télécharger la réponse du Préfet à CAP Loup du 14/12/17
Télécharger le courrier de CAP Loup au Préfet du 23/10/17 (reprise du 25/08/17)
Actualité du 25 août 2017 : CAP Loup demande des comptes à l’État sur l’abattage de 3 louveteaux à Cipières
Trois louveteaux ont été abattus le 9 août 2017, soit-disant pour protéger un troupeau de brebis. Cet abattage a eu lieu dans des circonstances troubles. Les associations de CAP Loup demandent aux autorités (préfets, ministère, Office national de la chasse et de la faune sauvage) que la lumière soit faite sur ce massacre. Une plainte a été déposée par la CVN. Voir aussi les réactions de l’ASPAS et de FERUS.
Le courrier de CAP Loup aux autorités
A l’attention de M. Henri-Michel COMET,
Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes, Coordinateur du Plan national loup
Crest, le 25/08/17
Objet : abattage de trois louveteaux à Cipières (06)
Monsieur le Préfet,
Le 09/08/17, trois louveteaux ont été abattus par la brigade « loup » de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) à Cipières (06), dans le cadre d’un arrêté préfectoral de « tir de défense renforcée ».
Début août en France, les louveteaux sont généralement âgés d’à peine 3 mois et sont encore incapables de tuer des brebis. Abattre des louveteaux ne peut donc relever d’un acte de « défense » d’un troupeau.
Cet abattage et les conditions dans lesquelles il a été réalisé posent question. Les réponses à ces questions ne nous ayant pas été données à ce jour par l’ONCFS, et en votre qualité de Préfet coordinateur du Plan national loup, nous vous prions de bien vouloir faire en sorte qu’elles nous soient apportées. Les 120 000 adhérents de nos associations et les citoyens ont le droit de savoir comment fonctionne la brigade « loup » de l’ONCFS.
Nos questions sont les suivantes.
1/ Qui décide d’abattre en priorité des louveteaux lors des opérations de la brigade ?
Dans un communiqué du 16/08/17, l’ONCFS écrit que le brigadiste auteur des tirs a ciblé « prioritairement les jeunes loups, suffisamment âgés pour participer à l’attaque du troupeau. Le tir de jeunes loups est en effet recommandé notamment parce que ces tirs ne risquent pas de déstructurer la meute en place. »
La classe d’âge des loups à privilégier lors des tirs de la brigade n’est précisé dans aucun texte officiel : ni dans l’arrêté du Préfet des Alpes-Maritimes du 10/07/17 « autorisant la réalisation de tirs de défense renforcée en vue de la protection contre la prédation du loup (Canis lupus) du troupeau du GAEC de Calern (Bruno Monjon) », ni dans l’arrêté ministériel du 18/07/17 « fixant le nombre maximum de spécimens de loups (Canis lupus) dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2017-2018 », ni dans l’arrêté ministériel du 30/06/15 « fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) ».
Le choix de privilégier le tir des « jeunes loups » relève-t-il de la brigade ONCFS ? Ou la brigade applique-t-elle une consigne ? Le cas échéant, cette consigne émane-t-elle de la hiérarchie de l’ONCFS ? Ou du Préfet des Alpes-Maritimes ? Ou d’un ministère ?
2/ Quel âge avaient précisément les louveteaux ?
Les résultats de l’autopsie doivent pouvoir le préciser.
3/ À quelle distance du troupeau ovin les louveteaux se trouvaient-ils ?
4/ À quelle distance du troupeau ovin les agents de la brigade se trouvaient-ils ?
5/ Lors de l’attaque « à la nuit tombée » (selon le communiqué de l’ONCFS), les ovins étaient-ils tous à l’intérieur du « parc de regroupement nocturne » ? Combien de « chiens de protection » étaient « présents lors de l’attaque » ?
6/ Cette meute de loups étant « suspectée par les services de l’État de spécialiser son alimentation sur ce troupeau » (selon le communiqué de l’ONCFS), y aura-t-il un suivi ou des mesures particulières pour faire en sorte que les adultes qui n’ont pas été tués (ainsi que leur éventuelle descendance l’année prochaine) se détournent de ce troupeau à l’avenir ?
7/ Ce troupeau ayant « déjà été attaqué 40 fois depuis le début de l’année 2017 » (selon le communiqué de l’ONCFS), y aura-t-il à l’avenir une vérification sur le terrain des mesures de protection mises en place par l’éleveur concerné ?
Afin d’aborder ces points efficacement, nous souhaitons vous exposer nos interrogations et développer nos propos au cours d’une entrevue que vous voudrez bien nous accorder dans les meilleurs délais.
En vous remerciant pour l’attention que vous porterez à notre demande, nous vous prions de croire, M. le Préfet, en l’assurance de nos salutations respectueuses.
Les associations de CAP Loup
Copies :
– Mme Michèle PAPPALARDO, Directrice du Cabinet de Nicolas HULOT, Ministre de la transition écologique et solidaire
– Mme Justine ROULOT, Conseillère en charge de la biodiversité, de l’eau et de la mer auprès de Nicolas HULOT
– M. Georges-François LECLERC, Préfet des Alpes-Maritimes
– M. Henri SABAROT, Président du Conseil d’administration de l’ONCFS
– M. Olivier THIEBAULT, Directeur général de l’ONCFS
– M. Christophe PISI, Chef de la brigade loup à l’ONCFS
Téléchargez le courrier de CAP Loup du 25/08/17
Téléchargez le courrier de CAP Loup du 23/10/17